Mon incruste chez Élodie Navarre

LA CHRONIQUE DE MAÏLIS JEUNESSE

Cigale Mag N° 41
Novembre 2011

 

Dans L’Art d’aimer, Élodie Navarre nous révèle une nouvelle facette de son art. Rencontre avec une actrice pétillante, qui nous accueille chez elle, et nous prépare le café !

Tu joues dans l’Art d’aimer d’Emmanuel Mouret, comment définirais-tu Vanessa, ton personnage ?
C’est le genre de fille qui, par amour, éprouve le besoin de dire à son ami quand elle va le tromper. Elle pense qu’il ne faut rien se cacher. Chez Emmanuel Mouret, les personnages disent souvent à haute voix ce qu’ils ont dans la tête et cela répercute sur les autres quelque chose de forcément désagréable ou agréable. Elle se fait désirer par un autre et au lieu de le garder pour elle, elle partage avec son ami : « Je pense que je vais avoir une histoire avec ce type qui me drague au bureau et je préfère te le dire, comme ça, il n’y a pas de mensonge entre nous. On a toujours dit qu’on se disait tout ». C’est assez ambigu. Elle a soit une sorte de perversité, soit une sorte de naïveté totale ; ça peut être totalement naïf de se dire qu’entre amoureux, on se dit toujours tout, « tu promets que tu m’avoueras quand tu auras du désir pour quelqu’un d’autre », mais il y a la théorie et la pratique. Chez Emmanuel Mouret, il y a la pratique : on dit tout ! C’est au spectateur de voir si elle est naïve ou perverse.

Est-ce que tu penses que dans le couple, c’est important de tout se dire ?
Ah non, justement : surtout pas ! Je prône le mystère… total.

Elodie : Vous savez faire le café avec ça ? (montrant sa cafetière italienne). Bon, je me lance !

Qu’est ce que ça fait de jouer avec Emmanuel Mouret ?
Il est venu me voir jouer plusieurs fois au théâtre. Jusqu’au jour ou il m’a proposé l’Art d’aimer. J’étais très contente de jouer avec lui. Il a un côté décalé qui me fait toujours rire, un peu à la Peter Sellers ! J’aime beaucoup dire ses textes. Il arrive à décrire tout ce qu’on a envie de dire à quelqu’un et qu’on ne dira jamais. Ça donne des quiproquos qui me font beaucoup rire… Dans la vie, on ne peut pas dire le quart de ce qu’on pense ! Dans ses films, ses personnages le font tout le temps, ça provoque des catastrophes, des situations très drôles et surtout un tas de rebondissements !

Tu te souviens de la première prise que tu as tournée ?
C’était la scène de l’arbre. On fait une espèce de cache-cache dans la forêt et tout d’un coup on s’arrête, on fume un joint tous les deux ( Vanessa Ulliel), on se pose et je dis ce qui me vient en tête… Pour savoir, allez voir le fi lm !

Qu’est-ce que tu aimerais que les gens disent de l’Art d’aimer et qu’est-ce que tu aimerais qu’ils ne disent pas ?
Ouh là… je te rappelle ? Je réfléchis, et je te rappelle ! (rires)

On passe ? !…Est-ce que tu penses qu’il y a un Art d’aimer parisien ?
On dit que Paris est très romantique, souvent les amoureux s’y retrouvent pour sceller leur amour. Vous avez vu, sur le Pont des Arts, il y a 100 000 cadenas, ça me fascine ! Je marche beaucoup, et pas mal de ponts sur la Seine ont des cadenas accrochés. C’est bizarre qu’il y ait un « art d’aimer » dans cet acte. On est liés. Cadenasser son amour à un pont de Paris, je trouve ça intéressant… Chaque individu a sa façon de se représenter l’amour. D’ailleurs, ça pourrait tout à fait être une scène d’Emmanuel Mouret, cadenasser un des personnages au pont !
En ce moment, tu joues au théâtre de Paris dans Sunderland ?
Sunderland, c’est exactement l’esprit de certains spectacles que l’on voit en Angleterre. Plus brut et organique, à l’inverse du « psychologisant ». On a la sensation d’être entre le cinéma de Ken Loach, l’ambiance de Full Monty, des Virtuoses ou encore de Billy Elliot. L’auteur a vécu à Sunderland, et malgré cette histoire triste, le metteur en scène l’a montée de manière drôle, parfois hilarante même ! La mise en scène est faite de tableaux entrecoupés de musique. Parmi les gens que j’ai invités qui ne vont pas souvent au théâtre ou qui n’aiment pas ça, j’étais surprise de voir l’unanimité sur ce spectacle. C’est certainement parce que cette histoire forte n’est pas racontée de manière écrasante et surtout avec des personnages sympathiques qui essaient de joindre les deux bouts comme ils peuvent. J’avoue que mon personnage va loin pour tenter de s’en sortir. Et puis, il n’y a pas de têtes d’affiche ! C’est rare de nos jours… Que des nouveaux talents à découvrir !

Et en foot, tu es pour Sunderland ou Newcastle ?
C’est ma ville, Sunderland, évidemment ! Ils ne sont pas mauvais, en plus. Bon, il est pas mal ce café finalement ?

 

Ton vide-poches
❂ Actifed coucher. « Pour dormir. »
❂ Des pansements. « Pour les talons portés toute la journée. »
❂ Trousseaux de clés de la maison. « En triple, au cas où on en perd une. »
❂ Les timbres, « parce qu’au dernier moment, ça sert toujours. »
❂ 2 Pin’s Sidaction. « C’est important, et j’espère pour tout le monde. »
❂ Le rouge à lèvres, « avant de sortir, le dernier petit raccord. »
Alka selzer, « en rentrant de soirée, essentiel. »
❂ Une gomme. « Évidemment ! Je ne peux pas te dire. Il n’y a pas que moi qui me sers de ça ! »
❂ Les tic-tac « pour l’haleine, parfois ! Vous en voulez un ? »
❂ Dynabiane, « pour rester dynamique… » « Ça, c’est une montre que je dois rendre, qu’on m’a prêtée pour des
photos. Vous n’avez pas de vide-poches à l’entrée ? »

Tes coups de coeur
Ton livre : La Métagénéologie : la famille, un trésor et un piège d’Alexandre Jodorowski et Marianne Costa. « Sur les noeuds familiaux, leurs origines et toutes les manières créatives avec lesquelles on peut les dénouer. »

Ton restaurant : Secrets de Famille, 11 rue Blanche, 9e.
« Avant la pièce : c’est juste en bas du théâtre, pour le délicieux tartare fait maison ! »
Les comédiens, 7, rue Blanche, 9e.
« Après la pièce : la cuisine est excellente, le patron est très sympathique ! »

Ton musée : Le musée du quai Branly. « Notamment l’expo Maya : de l’aube au crépuscule »

Ta pièce de théâtre : Sunderland au Théâtre de Paris de Clément Koch. Mis en scène par Stéphane Hillel. Avec : Elodie Navarre, Constance Dollé, Léopoldine Serre.