Ma rencontre avec Zoé Félix

La chonique d’Annabelle Milot

Cigale Mag N° 35
Octobre 2010

 

Dans Captifs, Zoé Felix nous livre une magnifi que performance d’actrice. Et nous prouve sa capacité à interpréter des rôles autres que comiques. Zoé Félix, une artiste dramatique à suivre de très près!

Ta dernière apparition sur le grand écran date de 2007 avec « Bienvenue chez les Ch’tis ». Pourquoi avoir mis si longtemps à tourner un nouveau film ?
Je n’ai pas eu de propositions très alléchantes et puis j’avais un peu envie de changer de registre. C’est le but pour une comédienne de montrer des choses différentes et comme en France on vous pose des étiquettes et que j’ai fait pas mal de comédies, j’avais très envie d’aborder un nouveau registre plus dramatique. Ce film est arrivé pile poil !

Considères-tu ce « Captifs » comme un tournant dans ta carrière ?
Je n’en sais rien… En tout cas, c’est une nuance, et si un tournant c’est une nuance, alors oui ! Maintenant j’aimerais bien quand même continuer à faire un peu de comédie… Il n’y a pas derrière ça une volonté radicale de changer d’image. J’ai une envie toute simple et toute naturelle de faire des choses très différentes. J’ai très envie aussi que cela donne des idées aux réalisateurs, qu’ils me voient différemment et qu’ils se disent que je suis aussi capable de faire de nouvelles choses…
Dans un registre assez proche j’avais fait « Déjà mort », mais il s’agissait de mon premier film, un film de genre assez dur. J’étais beaucoup moins dans l’extrême que dans « Captifs », qui est un rôle très physique avec très peu de texte, beaucoup d’émotion, et en soi cela représentait beaucoup de travail.

Comment t’es-tu préparée physiquement ?
Le réalisateur m’a effectivement demandé de me préparer physiquement, de courir – car je cours beaucoup dans le film. Mais le jogging ce n’est pas mon truc. À vrai dire, je me suis davantage préparée psychologiquement pour ce rôle. Avec Yann Gozlan, on a fait aussi beaucoup de répétitions, de lectures, il m’a montré des films pour être prête à aborder l’univers très particulier de « Captifs ».

Peut-on dire pourquoi les trois héros deviennent captifs, sans dévoiler l’intrigue du film ?
Ils terminent une mission humanitaire qui s’est plutôt bien passée dans un pays de l’Est et ils se dirigent vers une autre mission. Ils rencontrent un barrage qui les empêche de prendre le chemin prévu et prennent ce qu’ils pensent être un raccourci… Malheureusement c’est une mauvaise idée, car c’est dans ce raccourci qu’ils se font kidnapper par des hommes masqués qui les jettent dans des geôles. À leur réveil, ils découvrent que toutes leurs blessures ont été soignées. À partir de là, ils vont se poser un certain nombre de questions : pourquoi avoir été soignés ? Pourquoi ont-ils été gardés en vie ? Et je m’arrêterai là car l’intrigue du film réside dans toutes ces réponses.

Après lecture du scénario, y avait-il des scènes que tu redoutais particulièrement ?
Oui, car il y a des scènes qui sont vraiment extrêmes dans l’horreur. Pas une horreur gore, attention, je voudrais bien insister là-dessus ! Il ne s’agit pas de Grand Guignol même s’il y a effectivement beaucoup de sang… Ce film reste un thriller haletant dans lequel on suit un personnage : Carole, on a de l’empathie pour elle, on a vraiment envie qu’elle s’en sorte. Tout est filmé du point de vue de mon personnage. Ce qui a été délicat à jouer, en fait, c’était les réactions, car tout passait par moi et j’étais témoin de situations que je n’avais jamais vécues de ma vie – et que j’espère ne jamais vivre – donc il faut imaginer ces scènes d’horreur et le comportement qu’on pourrait avoir. J’ai redouté particulièrement la scène dans laquelle Samir, qui se trouve dans la même geôle que moi, en est extrait par les kidnappeurs pour être emmené… ailleurs… Et lorsque je le vois à son retour… Il est dans un état particulier…

Il y a très peu de personnages dans ce film, beaucoup de scènes reposent sur toi. Est-ce que cela te met davantage de pression pour la sortie du film ?
Oui, évidemment, ça met un peu de pression. Mais en même temps je suis assez fière du film. Je suis fière de le défendre. Avec l’expérience, j’arrive davantage à être fière de mon travail et à l’assumer complètement pour pouvoir le défendre. J’aime beaucoup ce film dans lequel il y a une grande tension psychologique, c’est vrai, et physique. Mais il y a aussi beaucoup d’émotion qui nous ramène à nous-mêmes et c’est ça aussi qui m’intéressait dans le personnage de Carole. J’ai beaucoup de chance que l’on m’ait offert ce rôle là parce que je trouve qu’en France il y a peu de rôles comme ça. Pour commencer, il y a peu de rôles féminins qui soient tout à fait intéressants. Les femmes jouent souvent les faire-valoir des hommes, un peu comme dans notre société, mais ce film met en avant ce mélange de fragilité et de force que peuvent avoir les femmes, qu’elles ont et qu’on connaît… On voit souvent dans la vie comme les femmes sont courageuses.

Comment s’est passée ta rencontre avec tes deux partenaires, Arié Elmaleh et Eric Savin ?
Je ne les connaissais pas avant, mais le film est tellement sombre qu’a contrario sur le tournage, il y avait davantage une ambiance légère et rigolote. Faut dire qu’être enfermés ensemble dans des geôles en plein mois d’août, ça rapproche !

Quels sont les points forts de ce premier film ?
Je dirais que c’est la réalisation car je n’ose pas dire que c’est le jeu de l’actrice principale ! Ce ne serait vraiment pas à moi de le dire, mais tout de même j’ai l’impression que le réalisateur était content de mon travail ! Il y a aussi une magnifique lumière de Vincent Mathias, le chef opérateur : un génie ! »