La chonique d’Annabelle Milot
Cigale Mag N° 31
Janvier-février 2010
Aviez-vous lu le roman de Mark Haddon « Une
situation légèrement délicate » avant que
l’on vous propose de tourner dans le film ?
Non, je l’ai lu après avoir lu le scénario. Ça
m’a aidé sur certaines choses mais pas sur
tout. J’ai préféré l’adaptation de Michel
Blanc qui a été adaptée par la suite par
Alfred Lot. Le livre donne une grande
importance au « cast » comme c’est le cas en
Angleterre alors qu’en France les différences
de milieu ont beaucoup moins d’importance.
L’adaptation a beaucoup été travaillée à ce
niveau-là. On rit beaucoup tout au long du
film, pourtant si on y regarde de plus près
les situations que vivent les personnages ne
sont pas si drôles que ça.
Comment qualiferiez- vous ce film ?
Je ne me suis pas posé la question de savoir
s’il s’agissait d’une comédie ou pas. Même si
j’avais bien compris que ce n’était pas un
drame ! Comme l’a dit notre réalisateur : sous
une apparence de naturel de se dire « tiens,
c’est comme la vie », en fait ce n’est pas le
cas car dans la vie on entend rarement des
réparties aussi drôles dans un temps aussi
court. Aucun des acteurs du film n’a « cherché
l’effet », comme on dit. La drôlerie était
dans les dialogues et on jouait simplement les
situations le plus sincèrement du monde. Il
s’agit d’une comédie, mais dans une deuxième
lecture on va au-delà de cette comédie. Le
film raconte aussi le désarroi de la famille
Muret face à l’engagement des décisions de la
vie. Leur difficulté à communiquer lorsqu’on
leur parle d’amour. C’est une comédie très
élégante, très bien filmée. Avec une recherche
dans le rythme et dans les plans et ce, grâce
à Alfred Lot qui est un très grand metteur en
scène. Je suis chanceuse d’avoir travaillé
avec lui.
Ce n’est pas la première fois que vous
jouez dans un film avec Michel Blanc. Cette
ancienne complicité vous a-t-elle aidée à
interpréter son épouse ?
C’est la deuxième fois en effet. Après son
escapade avec Gérard Depardieu dans « Tenue de
soirée », il est enfin revenu à de meilleurs
sentiments pour moi ! On a très vite retrouvé
une complicité comme si on renouait une
conversation. On a repris le fil de la parole
très facilement et c’était assez agréable. Du
coup on représente un couple assez crédible,
je trouve !
Michel Blanc : c’est Michel ! Son intelligence… C’est très plaisant de jouer avec lui, on a énormément ri sur certaines scènes. On se surprenait souvent !
Mélanie Doutey : je la connaissais du Conservatoire où elle étudiait en même temps que ma fille. Elle est lumineuse. C’est une femme d’un grand talent. Elle joue très bien son rôle de rebelle à la « Virago ».
Gilles Lellouch : il me fait énormément rire. Il aime amuser. Il a toujours l’oeil qui brille. Il propose énormément. Il s’amuse à jouer. Il est très ludique.
Cyril : il est remarquable. Son rôle est très difficile à faire passer : tout le monde a remarqué à quel point il était bon acteur.
Il y a beaucoup de plans séquences (scène
tournée en temps réel) dans le film, y
a-t-il des difficultés à interpréter ce
genre de scène ?
Non, c’est très bien de tourner des plans
séquences, mais c’est vrai qu’Alfred le fait
beaucoup, en changeant les caméras de
position, du coup on jouait et rejouait très
longtemps la même scène. Mais on le faisait
quand même car Alfred est quelqu’un de très
agréable sur un tournage. Il n’y avait jamais
aucun conflit, car il estime que le conflit
est une perte de temps et d’énergie qu’il est
bon de mettre ailleurs. On a toujours envie de
lui donner ce qu’il veut alors c’est vrai que
cette façon de filmer est un peu fatigante
pour les acteurs mais elle donne une très
belle fluidité à sa mise en scène.
Tout le monde connaît votre parcours
auréolé de succès. Gilles Lellouch a été
très surpris de votre simplicité sur le
tournage. Vous n’avez jamais envie de « vous
la jouer un peu star » ?
Je crois que j’ai toujours été pareille, je
fais en sorte d’être autonome sur un tournage.
Je m’habille toute seule, je vais chercher mes
cafés, etc. Je n’ai pas envie d’être cocoonée.
On est suffisamment assisté pour différentes
raisons qui sont justifiées d’ailleurs. Mais
le peu de liberté qu’il me reste, j’en
profite. C’est un vrai travail de faire
compliqué et je n’ai pas le courage de le
faire : cela ne m’apporterait pas grand-chose
!