LA CHRONIQUE DE MAÏLIS JEUNESSE
Cigale Mag n°42
Février 2012
Comment définiriez-vous le film Chroniques
sexuelles d’une famille d’aujourd’hui que
vous coréalisez ?
Avec Pascal Arnold, on a déjà fait
Too much flesh et
Chacun sa nuit qui traitent de la
sexualité. Un jour, Canal + nous a abordé avec
une petite somme car la programmation du «
premier samedi du mois » chez eux ne marchait
plus depuis le gratuit du net… et on était
intrigué car il y avait justement la question
de la représentation, dominée par cette
industrie. On s’est dit pourquoi ne pas
essayer de faire un film où les acteurs jouent
leur rôle et défendent leur personnage en
faisant l’amour pour essayer d’en donner une
vision respectueuse. Tu vois la thèse, hein ?
On défend très bien ce titre qui représente
une famille de 2012, et on témoigne que parler
de ce sujet est encore tabou. Ce qui est
marrant c’est que Pascal et moi, on a donné ce
ton un peu à la Billy Wilder. On a tourné un
soi-disant « Director’s cut » où on nous
permet de montrer des choses de manière idéale
mais le film qu’on sort mondialement, en
France le 9 mai 2012, a été approuvé par le
CSA au-dessus de 12 ans. »
Par rapport à votre collaboration avec
Pascal Arnold, vous avez l’habitude de
participer à l’écriture des films.
Dans les trois premiers oui, Pascal est un
script-doctor. Il travaille avec Fabienne
Berthaud, avec Christine Carrière, Karine
Vidi, c’est un écrivain. Moi, je me retrouve
dans l’image. J’ai tenu la caméra sur le
premier et les trois derniers. J’ai un
assistant et maintenant je commence à faire la
lumière et petit à petit on trouve une
facilité et une confiance, et on peut
maintenant tourner pour des prix très bas.
Quand il n’y a pas d’argent, la technologie le
permet. On est dans un désir d’illusion de
liberté, et on doit se permettre de prendre ce
risque. Parce que le système de l’industrie du
cinéma est encore très formatée. Encore
aujourd’hui, puisque c’est la télévision qui
finance le cinéma, on essaie de faire des
films conçus pour.
Oui, mais c’est à contre-courant, contre le grain de ce qui se passe. On retrouve une gêne par notre présence. Une gêne qui est très saine. On se rend compte que l’image est en fait très contrôlée.
Dans votre collaboration, c’est le premier
film dans lequel vous ne jouez pas. C’était
important pour vous d’être uniquement
derrière la caméra ?
Pascal et moi on a écrit les trois premiers,
il a écrit les trois suivants. Et à part ça,
notre collaboration est dans toutes les choses
qu’on peut faire. Lui, il écrit, moi je joue
et on tient la boîte avec nos carrières
respectives. Thierry Vermeulin a été notre
directeur de production, et a fait également
le montage. Pour le moment, c’est trois
personnes qui se partagent la tâche. Une chose
à communiquer, c’est que c’est possible de
faire un film. C’est difficile et dangereux
mais avec la technologie qui existe
aujourd’hui, tu peux peut-être atteindre
l’idéal avec le temps et l’expérience. Tout
d’un coup, tu peux créer ton film, et éviter
les producteurs, et l’exploiter directement.
Ce qui fait une énorme différence. Avant,
c’était contrôlé par des agents, des comités à
la télévision etc., et par rapport au
processus actuel, on est vraiment ravi. On
aime le challenge de cette proposition. En
1998, Lovers a été le premier film à sortir en
numérique.
Ça permet de garder une certaine liberté de
ton.
Votre génération n’est pas du tout politique.
Mais pour nous dans les années 70, c’était une
chose très importante d’avoir au moins
l’illusion qu’on puisse accorder ce qui était
dans nos cœurs et dans nos âmes. Aujourd’hui,
tu ne peux plus faire ça.
Pour Breaking the waves, dans lequel vous
jouiez, Lars von Trier a dit : L’amour est
un pouvoir sacré. Et pour vous ?
C’est un showman, Lars. (Rires). Je l’adore.
L’amour, c’est tout ce qu’il y a.
Paris a la beauté de la plus belle garce du monde et elle peut aussi être déchirante dans son côté gris et triste. Tout est possible. (Rires) Je suis arrivé de Californie, très carré, catholique et militaire et quand j’ai atterri à Paris, à 20 ans, c’était comme si j’étais sur une autre planète. Les choses étaient permises. Surtout dans les années 80, c’était une explosion, Paris.
Ton Actualité ?
Je tourne la suite d’une série avec Bruno Solo
qui s’appelle
Deux flics sur les docks réalisé par
Edwin Baily. Je viens de finir un film
indépendant
E la chiamano estate sortie fi n
2012. J’étais dans un dilemme après le
Grand bleu, venant de la Californie,
les Américains m’ont pris pour un français. Et
malgré tout ce que je faisais, je ne voulais
pas changer mon nom, donc, j’ai concentré
toute ma carrière ici en Europe, entre
l’Angleterre, le Danemark… et là par une
chance extraordinaire, on m’a proposé mon
premier rôle américain, pour interpréter Jack
Kerouac dans une adaptation de Big Sur de
Michael Polish, qui va sortir en mai 2012.
C’est un film dans lequel on n’aura plus de
doute sur le fait que je sois américain.