HOCHMAN, PÈRE ET FILS
Cigale Mag n° 40
Septembre 2011
Ils arrivent dans les vignobles, la bouche en
cul-de-poule, lardés de certitudes et
distillant des préceptes œnologues étudiés à
grands frais dans les meilleures écoles.
Méprisants les viticulteurs séculaires, ils
prétendent réinventer un terroir et créer des
vins à nul autre pareil. Ils ne font
généralement que standardiser une production
qui perd toute originalité.
Le parcours de Charles-Antoine Hochman échappe
à cette vinocratie de salon.
A la fin des années 90, son père, homme de
médias, achète une maison au lieu-dit Mirail à
côté de Lectoure, dans le Gers. Sur la
propriété, quelques ceps de vigne sommeillent
depuis des générations. À chaque vendange, le
raisin est amené à une coopérative toute
proche et mélangé avec d’autres productions
disparates pour donner un vin sans ambition.
En s’intéressant aux origines de Mirail, Mr
Hochman père s’aperçoit que le domaine
produisait autrefois des vins réputés.
Curieux, il fait venir des géologues qui
révèlent un terroir d’exception fait
essentiellement d’affleurements calcaires !
Étudiant en physique, son fils Charles-Antoine
tourne alors le cépage d’une carrière feutrée
pour devenir ouvrier agricole. Il apprend son
métier dans les vignes et écoute les anciens
pour comprendre cette appellation, trop
méconnue, des côtes de Gascogne.
Avec le soutien de son père, il replante des
vignes sur la propriété, équilibre les cépages
et commence modestement à produire des vins.
Aujourd’hui le domaine du Mirail est devenu
l’un des leaders de l’appellation et
Charles-Antoine un vrai viticulteur
lectourois, reconnu à la fois par ses pairs et
par son père.
La qualité gustative et aromatique de ses vins
révèle toute la subtilité du terroir gascon.
Voilà une belle occasion d’extraire nos
petites vies d’œnophiles amateurs des grands
standards bordelais, bourguignons ou
rhodaniens !