Decor home

DÉCORATRICES ET COACH DÉCO

Cigale Mag n° 40
Septembre 2011

 

Décris-moi ton intérieur, je te dirai qui tu es… Mais qui se cache derrière ce « sweet home » dont on est si fier ?

On craque de plus en plus pour la déco. Les émissions de télévision ne sont pas étrangères au phénomène. Bien souvent un intérieur reflète la personnalité de l’hôtesse. Mais beaucoup hésitent à se lancer dans l’agencement de leur appartement ou de leur maison. Par manque de temps ou d’inspiration, on préfère s’en remettre à des professionnels. Qu’ils soient décorateurs ou coach déco, toute initiative est bonne à prendre. Surtout si un claquement de doigt suffit pour transformer un intérieur. Tous sont unanimes, leur rôle est d’accompagner le client et de tenir compte de ses goûts et de son mode de vie. Une étude psychologique s’impose donc avant de se lancer et de transformer les pièces. Pas question de changer d’un coup de baguette magique un intérieur qui ne correspondrait ni au goût ni aux attentes du propriétaire. Surtout que bien souvent on veut renvoyer une image positive de soi-même.

CIBLER LES BESOINS
« J’essaie de cibler ce que les personnes ont en tête. Je ne ressors jamais un projet de mes cartons, explique Anne-Christine Pierre, décoratrice depuis cinq ans. Il faut aimer les gens et s’intéresser à leur vie pour bien cibler leurs besoins. Bien sûr, il y a toujours des taiseux qu’il faut essayer de sortir de leur réserve pour connaître leurs desideratas. À ceux-là, je soumets plusieurs projets que j’ai dessinés après avoir cerné leur personnalité ».
L’ancienne publicitaire se considère plus comme une scénographe qu’une décoratrice. Différents types de personnes ont recours à ses services. Il y a les autonomes qui souhaitent des suggestions pour modifier leur appartement. Anne-Christine Pierre leur soumet alors un projet et les adresses de fournisseurs et artisans et ils se débrouillent. D’autres au budget conséquent, comme les étrangers, préfèrent se décharger et la décoratrice prend tout en charge. Beaucoup de personnes savent ce qu’elles ne veulent pas mais ignorent ce qu’elles aiment. « Les gens parlent beaucoup par la négative », précise la décoratrice. »

PRESSION SOCIALE OMNIPRESENTE
La déco, ce n’est pas seulement la couleur des murs et des rideaux, c’est aussi l’espace entre les meubles et la place des prises de courant. La jeune décoratrice avoue ne pas être à l’aise avec les univers dépouillés. « Je ne suis pas une inconditionnelle du design, même si je comprends que cela plaise… mais à mon avis, quand on veut une chaise signée, c’est plus pour épater les amis et les relations professionnelles. » La pression sociale est donc omniprésente. Adepte des as de la déco comme Gilles Boissieu, Jean Louis Deniau ou encore Jacques Grange, cette ancienne publicitaire au regard bleu assure vingt-trois chantiers par mois. Son métier est sa passion : elle en parlerait pendant des heures…

ARTISANS EN VOIE DE DISPARITION
« J’ai la chance de côtoyer de nombreux artisans, des gens formidables, malheureusement en voie de disparition. Privilégiant le textile dans les agencements d’appartement, je suis régulièrement en contact avec des tapissiers et des menuisiers. Ce métier demande de nombreux déplacements. Il prend donc beaucoup de temps. Pour rien au monde je n’en changerais ! » Ses honoraires ? 40€ au m2, choix du mobilier et sélection dans les showrooms compris. Si elle suit le chantier, elle prendra en plus 10 % du montant des travaux HT du chantier.
FIL CONDUCTEUR
Pour Régine Andries, qui a créé le concept d’accompagnement, il n’y a pas photo entre une décoratrice et une coach déco : « Le coaching offre une plus grande souplesse, » explique cette femme qui avant de se lancer travaillait dans l’hôtellerie de luxe. Pourtant la différence entre sa démarche et celle d’Anne-Christine Pierre semble, à les entendre, très ténue. Elle aussi cerne pendant au moins deux heures les voeux et les attentes de ses clients « Je veux savoir s’ils ont des petits enfants, des animaux, s’ils reçoivent beaucoup : des réponses importantes pour choisir les matériaux. Très vite nous établissons une relation de confiance. »
Elle non plus ne tombe pas dans le phénomène de mode : « Je veux surtout connaître leur mode de vie. Je leurs rends visite le week-end pour voir comment ils vivent en famille et je tiens à ce qu’ils participent à leur déco. Je leur sers de fil conducteur afin que la décoration soit harmonieuse ». Bien sûr certains intérieurs inspirent plus que d’autres, mais Régine Andries s’adapte. « Je suis très souple. Rien n’est imposé. » Ses tarifs dépendent de l’envergure du projet : « Le premier entretien peut aussi se limiter à du conseil. » Selon Régine Andries, l’engouement pour la déco n’est pas seulement dû aux émissions de télévision, mais aussi à l’agencement des hôtels qui a beaucoup évolué, même si cela s’est galvaudé : « Les Français y sont très sensibles et s’inspirent de ce qu’ils voient. Avant, la déco était réservée à une élite, mais les Coste ont joué un grand rôle dans ce changement en innovant dans le style des cafés et brasseries déco. »

UN MAL POUR UN BIEN
Autre raison aussi de changer de décor : la vente d’un bien. Finis chichis et petits objets, le « home staging » propose au mur des teintes neutres et une déco impersonnelle et sans âme pour que le futur acquéreur se projette plus facilement. Bref, une sorte de maison témoin. En général le montant des travaux n’excède pas 2 % du prix de vente, sans compter les honoraires de l’agence : à partir de 94€ de l’heure, à moins d’opter pour un forfait qui peut aller jusqu’à 2 000€. Un mal pour un bien, mais y a-t-il beaucoup de gens prêts à investir de telles sommes pour une demeure qu’ils vont quitter ? À moins d’être très pressé de vendre.

GOUROUS POUR BORDELIQUES
Changer sa déco c’est bien, mais encore faut-il avoir le sens de l’organisation, pour ne pas rompre cette nouvelle harmonie. Les « bordéliques » peuvent aujourd’hui compter sur des gourous pour apprendre à s’organiser. Bien sûr il faut y mettre le prix : 70€ de l’heure en moyenne et accepter un petit lavage de cerveau. Ainsi « Fly lady » promet d’acquérir des automatismes en 28 jours. On vous apprend à trier, jeter pour mieux ranger. D’autres organismes poussent carrément les intéressés à la porte et opèrent une profonde mutation sans la présence du propriétaire. Pourtant un peu de bon sens devrait suffire. Personne n’est parfait. Si les bordéliques repenties imposent les patins avant d’entrer, où va-t-on ? Et le charme est rompu…

1- Anne-Christine Pierre
Agence et Décoration intérieure
Tél : 01 42 74 67 61

2 – Régine Andries
www.coachingdeco.com
Tél : 01 40 71 08 97