Boxing girls

BOXE FÉMINE

Cigale Mag N° 38
Mai-juin 2011


Boxe et féminité ? A priori, ces deux concepts semblent antinomiques. Et pourtant, au Battling Club, la salle fondée par Philippe Dumont, les jeunes femmes viennent d’abord pour se défouler ; et non pas pour refouler les hommes qui regarderont (de loin) ces amazones pratiquer le noble art avec grâce et détermination.

Le Battling Club, c’est 1 000 m² d’un ancien entrepôt du 10e transformé en 2008 en « boxing gym » façon Brooklyn. C’est-à-dire un espace dans les tons jaunes-gris-rouges entièrement consacré à la gym, la remise en forme en général, et aux sports de combat. Et notamment la boxe française en soutien- gorge qui rencontre un succès ascendant auprès d’une nouvelle génération de filles, à la fois garçons manqués et femmes « accomplies ». À l’instar de Caroline, qui vient là depuis le mois de septembre. « Je boxe pour me dépenser dans une bonne ambiance. Pour se défouler, c’est parfait et on se muscle en peu de temps. »
D’autant que le Battling Club propose tous les instruments et salles de muscu et cardio qu’on peut espérer. L’entraîneur, Florent Le Gaonach, athlète de haut niveau (championnat de France de boxe française, titré en karaté contact et expert en kick boxing et autres délicatesses) initie et entraîne ces dames et demoiselles à la « savate féminine » (en alternance Fabrice Cassilde, un autre champion). « Les jeunes femmes viennent majoritairement pour avoir une pratique sportive, un renforcement musculaire. Nous leur enseignons les vertus du sport du point de vue de l’hygiène de vie. En gros, on essaye de les convaincre d’appliquer le dépassement de soi dans leur vie quotidienne. Le combat n’est pas dans notre objectif. Même si certaines peuvent s’y adonner après 2 ans. »


JEUNES ET JOLIES
Pas de critères d’âge, pas de critères physiques – même si les jolies filles sont très nombreuses. Julia suit, ravie, son 2e cours. « C’est génial ! On évacue tout le mauvais stress de la ville. » Et si on lui demande si elle boxe pour dominer son petit ami, la réponse fuse dans un rire : « Non, parce que même sans la boxe je le bats ! » Et, enfin, arrive le directeur et fondateur du Battling Club, Philippe Dumont. « J’ai eu beaucoup de mal à racheter ces entrepôts à l’abandon mais ma ténacité a payé. Et j’ai conçu cette salle « à l’ancienne » et moderne à la fois ; mais sans gadgets, écrans et trucs électroniques. » Cet ancien élève de HEC, lutteur amateur, mentor des frères Guénot (champions olympiques) ne regrette pas cette option sur la boxe féminine. « Je ne m’attendais pas à un tel succès. Nous avons presque 400 filles inscrites tout au long de nos cours (cours mixtes compris). Les débutantes restent entre filles, et les plus aguerries veulent aller avec les garçons. Mais mon postulat depuis le départ, c’est que les filles apprennent la vraie boxe française – pas un vague dérivé – dans les règles de l’art. Toutes les mesures de sécurité sont assurées et nous n’avons jamais déploré le moindre accident. Même si les coups sont les mêmes que pour les garçons (à l’exception du buste). Des coups, néanmoins non appuyés puisqu’on parle là de boxe loisir et non pas de compétition. »

MILLION DOLLAR BABIES
« Ce qui fait le succès de la boxe auprès des filles, c’est cette silhouette longiligne et une musculature sèche que vous acquérez très vite. » Échauffement, technique et défoulement sur les sacs rythment un cours d’une heure et demie passé dans la moiteur de l’effort entre filles en nage qui n’auront pas à déplorer le regard goguenard (ou concupiscent) des hommes. « Les jeunes filles qui boxent ne sont pas en représentation, ni à un concours de beauté. Le protège-dents qu’elles portent n’est pas précisément « aguicheur ». Il faut également préciser que notre clientèle masculine ne vient pas non plus pour draguer… L’équilibre et l’harmonie qui président ici sont naturels ». Un état d’esprit à l’anglo-saxonne bien davantage que « latin » règne donc ici, sous l’œil pédagogue de profs diplômés et brevetés qui enseignent un vrai sport plutôt que la dernière fumisterie à la mode. « Les femmes ici ne veulent pas singer les hommes. Tout simplement, elles ne veulent plus être prises pour des cruches qui lèvent la jambe en cadence sur des musiques ineptes. » Quant au film de Clint Eastwood Million Dollar baby consacré à l’ascension d’une « boxeuse », il n’a pas peu contribué au succès incroyable de ce sport chez les jeunes Parisiennes qui ne lâchent pas une once de féminité et de charme ; même lorsqu’elles se portent ces coups redoutables (pieds et poings) qu’on préfère regarder de loin.

Battling Club
13, rue de la Grange aux Belles
75010 Paris
Tél : 01 42 01 24 12

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