Sergio déshabille Mister Courtot

Sergio est reçu par Cydonia Courtot, chemisier de père en fils. Située 113, rue de Rennes dans le VIe arrondissement, la Chemiserie Courtot est une boutique simple où l’on ne se prend pas au sérieux, un luxe abordable qui développe l’imagination et la créativité des clients.

Sergio

Sergio
Chemise Courtot vintage, Courtot Père 1975, popeline bleue à effet moiré, rayures jaunes, col ouvert, poignées mousquetaire sans boutons de manchette.

Mister Courtot
Chemise Courtot en popeline blanche, larges rayures marrons, grand col pointu ouvert, poignets mousquetaire simples… pour le week-end.

Sergio : Mister Courtot, vous paraissez bien jeune pour une Maison qui existe depuis si longtemps…
Mister Courtot : La Maison Courtot a été créée par ma grand-mère.

Racontez-nous…
En 1940, ma grand-mère Germaine avait ouvert une boutique sur les Champs-Elysées à côté de l’actuel Drugstore Publicis. Mon père Edouard, que vous avez connu, travaillait déjà dans l’atelier. Maman, chemisière dès l’âge de seize ans, est tombée amoureuse de lui. À la mort de ma grand-mère, la boutique des Champs-Elysées a fermé et mes parents ont ouvert en 1957 la boutique actuelle rue de Rennes.

Votre prénom, Cydonia ? C’est un cratère sur Mars ?
Mon père était un fou de nature et de fleurs. Mes sœurs s’appellent Myrtille, Tulipe et Iris et mon frère Orme. Attention, secret à ne pas répéter : il a changé de prénom !

Ce métier de chemisier est un choix familial ou passionnel ?
C’est une passion, j’ai baigné dedans depuis le plus jeune âge.

Pourquoi une chemise sur mesure en 2007 ?
Par goût et par envie d’avoir un vêtement personnel. C’est adapté à toutes les morphologies. À notre époque de mondialisme, de Paris à New York en passant par Tokyo, on trouve les mêmes marques. Il est agréable d’avoir un vêtement à soi : choix du tissu, couleur, coupe, col, poignées, détails… De plus, le côté atelier dans une partie de la boutique, le « fait main sur place » plaît.

Qui sont vos clients ?
Tous les âges, et de plus en plus de jeunes qui désirent sortir des standards et des règles établies. Ils ont constaté qu’une chemise en prêt-à-porter est souvent plus chère qu’une chemise sur mesure.

Le prix d’une chemise sur mesure ?
Selon les tissus, de 160 à 220 euros.

Que recherche-t-on dans le sur mesure ?
Tout d’abord le vaste choix de tissus, puis la coupe et les multiples possibilités de forme de cols.

Combien de formes de col proposez-vous ?
Le col italien, très évasé ; le semi-italien, appelé milanais, un peu plus fermé ; le col français, assez droit, pas trop long ; le col anglais avec pattes boutonnées ou barrette, le kirby ; le col américain, boutonné à la pointe (plutôt sport) et tout cela peut être réalisé dans toutes les longueurs de col…

Parlez-nous des poignets…
Poignets simples boutonnés à un, deux ou trois boutons, arrondis, à coins coupés ou carrément carrés. Le poignet mousquetaire à porter avec des boutons de manchette, également droit et arrondi et à coins coupés – qui reste à créer ! Enfin, le poignet napolitain, un mixte entre le mousquetaire et le boutonné.

Et les tissus ? et le double-retors ?
Le double retors est un tissu dont le fil est doublé pour plus de solidité. Il est plus agréable au toucher, plus soyeux, plus épais… La popeline, lisse et nacrée. L’Oxford, plus épais et sport. Le voile de coton, très léger.

Des commandes spéciales ?
Euh… (rires) Vous, Sergio. Votre chemise western que j’ai réalisée en tissu Liberty avec trois différents motifs à fleurs bleues et boutons bleus nacrés à pression. « English cowboy » !

Et une chemise sur mesure en synthétique ?
J’ai déjà vu ça… Pour les allergiques au coton, il me reste même quelques coupons ! Pratique et infroissable pour des gens qui voyagent beaucoup, stewards et commandants de bord… mais c’est très dangereux : c’est hautement inflammable !

D’où viennent les initiales brodées ?
Bonne question, Sergio. Sans pouvoir l’affirmer, peut-être pour retrouver sa chemise parmi tant d’autres chez la blanchisseuse ?…

Et pour éviter de se la faire chaparder par son fils… Mais aujourd’hui, pourquoi ?
Par coquetterie !

Et le choix des tissus chez Courtot ?
300 références renouvelées deux fois par an selon les saisons – automne-hiver et printemps-été – et je propose sur liasse plus de 5 000 couleurs, motifs et références.

Cyd, des conseils: quelle chemise porter ?
Le jour et au travail, tous les cols et poignets à boutons. Pour l’apéritif…

(Comme dirait Houellebecq…)
La même chose, mais avec poignets mousquetaire et col ouvert. C’est chic et décontracté… Comme vous…

Un dîner en ville ?
Blanche. Unie, satinée ou à motif ton sur ton avec ou sans cravate, selon le lieu…

Qui aimeriez-vous habiller ?
Je suis fan d’André Agassi. Il m’a fait adorer le tennis.
Votre grain de folie ?
La chemise. Même sur la plage, je suis en chemise sur mesure et brodée…

Quelle est votre voiture préférée ?
La Jaguar type E cabriolet série 1, gris clair métallisé.