La Maison de la Pêche et de la Nature

RENCONTRE AVEC SANDRINE ARMIRAIL

CigaleMag n° 43
Avril 2012

 

Photos : Nicolas Schiffmacher

Photos : Nicolas Schiffmacher

Contrairement à tant de capitales européennes, Paris octroie peu de place à la nature. Et le jour est encore loin où l’on pourra, à l’instar de Stockholm, se baigner en toute quiétude dans la Seine. Pourtant, depuis son siège sur l’île de la Jatte, la Maison de la Pêche et de la Nature animée par sa directrice Sandrine Armirail, promeut une certaine idée de l’harmonie entre la ville et l’environnement. La pêche en particulier est au cœur de cette « mission ».

L’île de la Jatte, cernée par deux bras de Seine, compte beaucoup d’immeubles mais une seule Maison. Celle de la Pêche et de la Nature dont les premiers occupants à nous accueillir sont des… poissons. Des poissons de toutes les formes et de toutes les couleurs qui tournoient dans des aquariums d’eau douce en compagnie de quelques tortues placides. Pour régner sur cette faune aquatique, une seule sirène, Sandrine Armirail, directrice depuis 1999 de cette Association Loi 1901 vouée à la pédagogie de l’environnement à destination du public, des familles, des adultes et des enfants. L’objectif : démontrer que même dans un milieu très urbanisé, la nature existe et qu’il convient de la préserver ; et pour cela, qu’il faut la connaître.

 

La Maison de la Pêche et de la Nature
3000 membres pêcheurs en font la plus grosse structure d’Île-de-France où se réunissent les riverains du 92, sur la Seine, également sur les étangs dans les parcs des Hauts-de-Seine et le Bois de Boulogne parisien. « Cette maison, explique Sandrine, est aussi une vitrine de la Seine, une vitrine des poissons, destinée au grand public, aux non initiés de la pêche, pour prouver que la Seine ce n’est pas un égout à ciel ouvert, que si on s’intéresse à ce qui se trouve sous l’eau, on trouve une biodiversité fondamentale. On nous parle tout le temps de pollution de la Seine mais l’écosystème en région parisienne est l’un des meilleurs. Pour preuve, en France, il y a 50 espèces de poissons, dans la Seine on en a répertorié actuellement 33. Pas toutes en grand nombre, il y a des espèces rares, des espèces qui sont juste de passage, des migrateurs comme le saumon, la truite de mer maintenant, l’alose… Nous procédons aussi à des inventaires de plantes, d’insectes, de poissons afin de suivre l’évolution de la population piscicole sur les bords de Seine. Actuellement par exemple, nous travaillons sur un poisson qui s’appelle le chabot qui est un poisson normalement de rivières de montage qui est présent sur l’Île de la Jatte où il se reproduit. »

 

La Maison de la Pêche et de la Nature
La pêche comme initiation à la nature est un pléonasme ; surtout pour cette jeune femme qui n’est pas là par hasard. « Je suis tombée dans la pêche quand j’étais petite puisque mon père m’emmenait avec lui alors que je marchais encore à quatre pattes. J’ai toujours aimé cette relation avec la nature, le milieu aquatique et surtout les poissons » qui sont ici chez eux. Des poissons argentés, verts, tachetés, rayés, moustachus, etc. La plupart, comme le brochet sont comestibles, et pourtant aucun prédateur humain ne s’aventurera sur ce terrain-là.

 

La Maison de la Pêche et de la Nature
« Tout simplement parce qu’il existe actuellement un arrêté préfectoral qui interdit la consommation selon le « principe de précaution. » On sait très bien que les pêcheurs parisiens ne sont pas des consommateurs de poisson, ils pêchent pour le plaisir de pêcher.
Justement avec les techniques modernes de pêche on peut attraper du poisson sans lui faire trop mal, on peut le remettre à l’eau vivant sans le blesser. Le pêcheur actuellement est beaucoup plus un collectionneur de photos, puisque les pêcheurs qui attrapent les très gros poissons se prennent en photo avant de le remettre à l’eau délicatement dans l’idée de pouvoir le reprendre l’année d’après avec 2 à 3 kg de plus. Sur les étangs on arrive à avoir la photo du même poisson à plusieurs années d’intervalle. S’il mord à chaque fois sur le même appât c’est qu’il a compris qu’il pouvait manger gratuitement et qu’on le remettait à l’eau après. Vous avez certains pêcheurs qui prennent par exemple de très très grosses carpes, qui se déplacent avec un kit désinfectant et avant de remettre le poisson à l’eau, ils le désinfectent au niveau de la blessure de l’hameçon. »

Pour en savoir bien davantage, Sandrine et ses équipes mettent à disposition une École de Pêche qui dispense des ateliers pêche et nature avec un moniteur. L’éveil à la nature, à sa fragilité et sa richesse, relève ici du gai savoir plutôt que des lourds pensums écolos.

 

La Maison de la Pêche et de la Nature
Entrée visite Aquariums :
Sur présentation du magazine Cigale, une entrée enfant offerte pour une entrée adulte achetée. (en dessous de 4 ans l’entrée est gratuite bien sûr).Maison de la Pêche et de la Nature
Île de la Jatte
22, allée Claude Monet
92300 Levallois Perret
M° Pont de Levallois

01 47 57 17 32

infos@maisondelapeche.net
www.maisondelapeche.net

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